LA BALANCE DU CONCERT

Cette photo a été prise durant la balance du concert de clôture
du Festival de Guitare de Cannes, en 1990.

Mes amis savent que j’attache beaucoup d’importance à la balance qui précède un concert.
Pour moi, cette phase de réglages et de mise en place est indispensable à la réussite d'un spectacle.
C'est pourquoi je ne manque jamais l'occasion d'y prendre part.
 
Ainsi, j'ai été l'observateur privilégié de la balance du concert de clôture du Festival de Cannes.
J'ai pu noter que Chet était très performant, s'appuyant sur une expérience acquise durant plusieurs décennies de scène : il était très calme et travaillait méthodiquement, minutieusement à la recherche du son idéal.
Marcel, figé sur son siège, jouait des notes sans queue ni tête. Il semblait totalement absent et, tout à coup, donnait des instructions précises aux techniciens avant d'égrener de nouveaux chapelets de notes pour affiner ses réglages.
Lorsque les duettistes estimèrent que le son leur convenait, ils se mirent à jouer ensemble pour définir les niveaux de chaque instrument. Alors, l’ingénieur du son put verrouiller le réglage des pistes, la balance était terminée.

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J'ai le souvenir d'une balance terrible : Marcel se produisait dans la cathédrale d’Eauze. La salle était très haute de plafond et, de plus, incroyablement longue et étroite. Le son y était épouvantable. Quand Marcel jouait une note, celle-ci vrombissait vers le plafond tel un avion en vrille tandis qu’un écho discordant se propageait vers le fond de la salle.

Les ingénieurs du son durent installer des amplis de rattrapage au milieu et au fond de la salle pour gommer cet écho mais ils restèrent parfaitement impuissants quant à la hauteur du plafond.
Bien qu'il ait fait placer un gros ampli à ses pieds pour avoir un semblant de retour son, ce concert fut un véritable calvaire pour Marcel : le son tourbillonnant polluait celui de l'ampli en un brouhaha inaudible pour l'artiste qui ne pouvait que jouer au feeling.
A l'entracte, Marcel s'inquiéta "Comment est le son dans cette cathédrale ?"
Je reconnais avoir été faux-cul en répondant pour le rassurer "Correct, Correct...".
Dans de telles conditions, seule une grande expérience pouvait sauver la face… Et Marcel l'avait !